22 janvier 2014, jour noir pour toute la Colombie. Après un tacle reçu lors d’un match de Coupe de France face à Chasselay, club de CFA, Radamel Falcao se blesse. Lésion du ligament croisé du genou, une seconde fois après une blessure similaire lors de son passage à River Plate. Il ne dit pas simplement au revoir au Mondial 2014 dans son propre continent, au Brésil, mais également à plus de 2 années de carrière où il enchaîne méforme et prestation médiocre en Premier League. Mais plus féroce que jamais, El Tigre est revenu de l’enfer pour rugir chaque week-end sur les pelouses de Ligue 1.
Une prise de conscience individuelle et collective
En ce début de saison, l’ancien attaquant de l’Atletico Madrid est dans une impasse. Plus aucun grand club européen ne veut de lui et il doit retourner à Monaco après deux prêts consécutifs, une équipe qui n’a jamais vraiment voulu rejoindre, avec un stade Louis II petits et silencieux qui ne donnent pas envie au Colombien de faire des efforts pour s’adapter. De l’autre côté, Leonardo Jardim est également à la croisée des chemins. Après deux saisons dans la principauté, les dirigeants monégasques mettent une énorme pression sur l’entrainement portugais. Catalogué de coach pragmatique et ultra défensif, lui et son staff se doivent de proposer un jeu plus offensif et attractif sous peine de se faire virer à la fin de la saison.
Mais c’est souvent dans les moments les plus difficiles qu’on reconnaît les grands hommes. Falcao accepte de réduire son salaire, qui n’était plus conforme à son rendement sur le terrain et Leonardo Jardim instaure lui un 4-4-2 où l’ancien goleaodor du FC Porto se retrouve au centre du projet offensif. Aidé par un Valère Germain revenu d’une excellente saison en prêt chez le voisin Niçois, le Colombien est mis dans les meilleures dispositions pour briller, sans oublier les deux génies que sont Bernardo Silva et Thomas Lemar, qui jouent dans son dos.
Le renard des surfaces est de retour
Statiquement, la saison de l’attaquant monégasque est juste fabuleuse. 16 buts en 21 rencontres (16 titularisations) de championnat, avec un but tous les 86 minutes de jeu.
Radamel Falcao est également un de ces joueurs qu’on pourrait surnommer de renard des surfaces. Vu son passif au niveau des blessures, il n’a tout simplement plus les capacités d’accélérations qu’il avait par le passé, mais il a gardé ce qu’il faisait sa force, son sens du but.
Le jeu de Monaco utilise énormément les côtés durant ses phases offensives, avec deux latéraux très offensifs tels que Benjamin Mendy et Djibril Sidibé, sans oublier le jeune Almamy Touré. Plus de la moitié des ballons de buts qu’on lui a offerts viennent d’un de ces trois joueurs, sans oublier qu’il a marqué 44 % de ses buts via un centre.
On l’attend en équipe nationale
Falcao, malgré ses deux victoires en Europa League, n’avait jamais participé à la Ligue des Champions. Le capitaine monégasque s’est bien rattrapé cette saison. Avec deux buts inscrits face à Fenerbache, il sauve son club avec Valère Germain de l’élimination prématuré dès le mois de juillet. Après quelques absences pour cause de blessures, il revient pour inscrire deux buts face au CSKA Moscou, une victoire 3-0 importante à domicile qui qualifia le club français pour les huitièmes de finale. Mais son chef-d’œuvre reste ce match fabuleux face à Manchester City, avec un doublé et un second but venu d’ailleurs. En championnat, il inscrit également un doublé face à Nice, lors de la victoire 3-0 le 4 février dernier.
Comme son équipe, le Colombien vit pour le moment une saison de rêve. Mais est-ce que cela risque de durée ? Rien n’est moins sûr. Avec une moyenne de 2.6 tirs par match, il a une réussite folle depuis le début de saison et c’est de même pour son équipe, qui établit des standards de buts par tirs complètement fous. Outre le Barça de la saison 2012-2013, aucune équipe n’a atteint un taux de conversion but/tir supérieur à 20 % depuis plus de 10 ans. L’AS Monaco a actuellement un taux de 20.5% cette saison, ce qui montre l’efficacité des joueurs de Jardim face aux buts. Pour Falcao, lui il atteint un taux de 38 %, ce qui est également un chiffre complètement surréaliste.
A 31 ans, El Tigre est donc au point culminant de sa carrière. Revenu de l’enfer, il sait pertinemment que sa réussite ne sera pas éternelle. Mais reste une dernière mission pour le buteur, l’équipe nationale. Depuis ses problèmes blessures, Falcao est devenu un poids mort pour la sélection colombienne. Mauvais et invisible, il n’a pesé sur aucun match des Los Cafeteros depuis sa longue indisponibilité. Pekerman et ses joueurs ont montré que durant son absence, ils étaient capables de performer avec une troisième place lors de la dernière Copa America et une qualification en quart de finale du mondial. Mais ces résultats sont trompeurs, car offensivement la Colombie a énormément de mal malgré des joueurs de talent tels que James, Cuadrado, Cardona et Bacca. En plus de cela, la sélection est en difficulté dans les éliminatoires pour la coupe du Monde 2018. Le Monégasque a donc une grosse carte à jouer dès fin mars pour retrouver une place au sein de sa sélection et ainsi espérer participer à son premier mondial, le rêve ultime d’El Tigre.